Dire que j’ai été fan de Bayonetta est un bien faible qualificatif au vu de la collection de goodies que j’ai pu amasser depuis la sortie de la jolie sorcière sur cette génération de consoles ; alors, quand j’ai appris que Shinji Mikami – génial créateur de Resident Evil et du non moins culte God Hand – allait développer un « Third Person Shooter » dans le même studio que celui où est née Bayonetta, j’étais plus qu’enthousiaste. Le souhait de l’ex-responsable du Capcom Production Studio 4 puis de Clover était de faire de ce titre, la référence en matière de TPS, permettant de montrer au monde vidéoludique que les Japonais savaient eux aussi développer des productions à consonance occidentale. Pour cela, un maître mot « vaincre » ou plutôt Vanquish dans la langue de Shakespeare… pour repousser encore plus les limites d’un genre souvent cantonné à Gears of War, Uncharted ou encore Lost Planet.
Sega a, pour une fois et on ne va pas s’en plaindre, flairé la bonne affaire quand Platinum Games leur ont demandé d’éditer 4 titres qu’ils souhaitaient développer : dans l’ordre MadWorld (Wii), Infinite Space (DS), Bayonetta (Xbox 360 et PS3) et celui dont nous parlons aujourd’hui Vanquish (Xbox 360 et PS3). Réservées à des publics assez ciblés et restreints, ces productions (hormis Bayonetta qui a bien cartonné) n’ont pas eu le véritable succès escompté d’un strict point de vue commercial, pourtant qualitativement parlant Platinum Games a bien fait les choses. Et bien entendu, Vanquish ne déroge pas à cette ligne de conduite. Certes, le scénario est quelque peu classique et guère passionnant mais il a le mérite d’être là et surtout d’être étayé par de fort belles cinématiques. Nous sommes dans un futur proche et les Etats-Unis ont mis en orbite une station spatiale de forme cylindrique dans un souci de récupérer de nouvelles sources énergétiques mais également pour palier aux différents problèmes démographiques connus sur Terre. Tout l’équilibre mondial est déstabilisé à partir du moment où l’Ordre de l’Etoile Russe (ultra nationalistes) prennent le pouvoir de la fédération de Russie ainsi que celui de cette station orbitale. Un conflit mondial devient inévitable lorsque San Francisco est ravagé par une onde de choc émanant de cette station, et c’est là que notre héros, appelé Sam Gideon intervient. Vous faites donc partie de l’escouade de Marines envoyés sur Providence, la station spatiale, pour y délivrer le professeur à l’origine de votre armure de combat mais également pour reprendre le contrôle de la station.
L’intégralité du système de jeu repose sur la maîtrise de votre armure et de sa vitesse, appelée ARS (Augmented Reaction Suit), qui vous permettra de détenir 3 armes différentes (fusil d’assault, mitrailleuse lourde – améliorée, sniper, lance roquettes, lance disques…) en plus de 2 types de grenades (paralysantes / fragmentation). Cette combinaison est également dotée d’un réacteur vous autorisant à vous déplacer de manière très rapide et d’une possibilité de déclencher un mode « slow-motion » communément appelé Bullet-Time dans de nombreux jeux comme Stranglehold par exemple. Deux éléments principaux sont à prendre en compte quand on joue à Vanquish : comment utiliser le réacteur pour se déplacer / fuir plus vite, et comment déclencher ce « slow motion », indispensable en vue des combats acharnés que vous allez livrer. Si j’ai fait autant de comparaisons avec Bayonetta depuis le début de cette critique c’est que j’ai retrouvé dans Vanquish quelques éléments de ce blockbuster. Hormis le moteur du jeu qui est sensiblement le même, le mode bullet-time permettra à Sam d’achever des ennemis plus facilement comme ce fut le cas avec la belle sorcière. De plus, quelques Quick Time Events parsèmeront votre aventure, notamment lors des combats contre des boss, même s’ils sont moins présents que dans l’autre titre phare de Platinum Games. Ensuite, les niveaux de difficulté sont sensiblement identiques à Bayonetta : Relax Auto (mode avec ciblage automatique des ennemis), Relax (facile), Normal, Difficile et enfin le mode Légendaire qui est débloqué dès lors que le jeu est terminé. Enfin, dernier point commun : le générique de fin… je n’en dirai pas plus pour éviter le spoil mais j’ai trouvé ça énorme encore une fois et surtout très inattendu ! Les ressemblances avec d’autres références ne s’arrêtent pas là car j’ai pu relever des similitudes avec Resident Evil 5 (le boss appelé « Inconnu »), Space Adventure Cobra (l’homme de verre), Starship Troopers (marines plus ou moins ressemblants) ou encore Dead Space (phase dans la salle en apesanteur mais également le moment où l’on dirige une tourelle mitrailleuse…), bref, on a vraiment l’impression tout au long du jeu que Vanquish s’est inspiré de l’intégralité de l’univers des jeux / films / manga d’action à base de Science Fiction pour nous livrer un véritable melting-pot de très bonne qualité, qui ravit tous les fans du genre.
Puisque nous abordons la qualité, il est important de s’attarder un long moment sur la réalisation et la mise en scène exemplaire du titre de Shinji Mikami. D’un point de vue graphique c’est très joli, quelque peu monotone en ce qui concerne les couleurs utilisées si on compare les 5 actes mais bon il faut quand même rappeler que l’action se déroule sur une station orbitale… Les ennemis sont assez variés avec un panel allant des simples sbires aux mitrailleuses volantes en passant par les robots géants et les ennemis plus volumineux que l’on retrouve en guise de « mid-boss » ou encore les boss de fin de niveau, qui souffrent eux malheureusement du syndrome Bayonetta en étant quelque peu recyclés tout au fil de l’aventure. Les effets d’explosion et de tirs sont plutôt bien réalisés (même si on est encore loin du rendu des Lost Planet de ce côté-là), ils sont encore plus accentués quand on passe en « Bullet-Time » où là il est véritablement possible de voir chaque balle passer à côté de Sam et permet également de les esquiver facilement. Sur le plan de l’animation, quasiment rien à redire, Sam est maniable de bout en bout et la fluidité est un modèle d’exemple, surtout quand on passe à la vitesse supérieure avec le boost… un régal. La vélocité qui ressort des actions du héros dégage une adrénaline non négligeable qui donne à Vanquish une impression de jamais vu dans un TPS. Comme dans les autres jeux du genre on se met à couvert derrière un mur, on choisit son angle d’attaque et on part en Bullet-Time pour aligner les petits soldats ennemis… On garde un peu de boost sous le coude pour fuir les missiles adverses et se remettre à couvert, le temps que la jauge se remplisse de nouveau et là c’est le festival entre tirs de loin pour bien entamer l’ennemi ou course folle vers le robot restant pour lui asséner une attaque au corps à corps mortelle, c’est juste intestable ! De l’action il y en a à foison tout au long des 6 petites heures nécessaires pour boucler Vanquish en difficulté normale. Ce qui est véritablement appréciable c’est la diversité apportée aux différentes missions entre défense d’un véhicule, prise d’assaut d’un navire ennemi, infiltration, bref, on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer ! Sur le plan maniabilité, rien à redire après un petit temps d’adaptation, on prend bien en main le personnage, les changements d’arme et les spécificités de l’armure ! Dernier point extrêmement positif pour moi, la possibilité de choisir les voix en japonais, ça n’est peut être qu’un détail mais ça rajoute une connotation nippone à ce titre et ça, ça n’a pas de prix !
Après les louanges, je vous livre les quelques points négatifs que j’ai pu relever. Tout d’abord, la durée de vie, même si Vanquish est un jeu typé scoring permettant aux accros des leaderboards d’y revenir régulièrement, la trame principale se boucle de manière très rapide et on reste facilement sur notre faim avec ce dernier acte très court. Au niveau de la difficulté, rien d’insurmontable en difficile si ce n’est le boss final qui est plus qu’abusé… il vous faudra arriver sur place avec des armes totalement « upgradées » pour avoir une chance d’en voir le bout. Pour palier à cette « abordabilité » du titre, le mode « Défi » qui est débloqué à la fin de chaque acte, permet de refaire des missions / parties de missions sous forme différente. Mon regret concernant ces missions faites à la manière du mode « Opérations Spéciales » de Call of Duty Modern Warfare 2, réside dans le fait qu’il est uniquement accessible en solo, il aurait pu être intéressant de permettre un mode co-op comme c’est le cas sur le titre d’Infinity Ward pour ajouter un challenge « abordable » supplémentaire. Enfin, bon nombre de sites traitant de l’actualité vidéoludique ont reproché à Vanquish de ne pas disposer de mode multijoueur… pour moi ce n’est pas un inconvénient, bien au contraire ! Quand on voit que certains jeux comme Bionic Commando ont un mode multi mais qui est totalement dénué d’intérêt… je préfère encore que les développeurs restent sur une aventure solo bien ficelée, même si elle est un peu courte !
En conclusion, je dirais simplement que pour moi Vanquish est un excellent jeu, malheureusement pas LA référence dans le domaine comme ce fut le cas pour Bayonetta du côté des Beat’em’all mais un soft très bien fignolé, qui ne demande pas énormément d’investissement pour maîtriser le personnage principal et permet surtout de prendre du plaisir très rapidement… L’impression de vitesse change radicalement tous les repères en matière de gameplay que l’on a pu acquérir dans d’autres TP et cela est pour moi l’avantage non négligeable de ce titre. Ajouter à cela une réalisation proche de la perfection (pas de bug détecté) et une replay value intéressante pour les accros de scoring typé arcade, vous avez là l’un des jeux marquants de l’année 2010.
8 mai 2015 at 04:53
Mission accomplie pour Mikami, Vanquish est le meilleur TPS jamais créé. Un des meilleurs jeux de la génération PS360.