Sonic Colours Ultimate est donc la version ultime de Sonic Colours, soit, mais de fait, nous sommes en droit de nous demander ce qu’est Sonic Colours pour peu que nous soyons passé à coté du titre en 2010. La situation est plus délicate encore pour celui qui aurait joué au jeu sur Wii et qui serait alors en droit de se demander ce qui justifierait que l’on souhaite une version augmentée du titre… Parce que pour être honnête, spontanément, ce n’est pas vraiment évident…

Sonic Colours est la suite de Sonic Unleashed (mais si… vous savez… avec le hérisson garou sur la jaquette… voilààà, c’est ça…), le jeu est réalisé par la Sonic Team sur Wii. Ce Sonic troque les shitty friends élevés au rang d’icônes des opus précédents par les Wisps, sortes… de poulpes… colorés… et aux capacités distinctes. D’un point de vue du gameplay, ça ne change rien mais ça permet de faire des économies de design, c’est toujours ça en moins. Le jeu mélange phase 2D « classiques » et phases en 3D dynamiques héritées des Sonic Adventures, jusque là, on connait la chanson et ce n’est pas toujours tellement bon signe.

 

Si vous demandez à un joueur devant se remémorer la licence Sonic, nul doute que ce dernier vous parlera de vitesse… Sonic = vitesse dans la tête des joueurs le plus souvent. Dans les premiers Sonic, pour les fondateurs du mythe que SEGA tentera vainement de dynamiter, la vitesse est un élément qui récompense le joueur pour sa connaissance du level design ou sa maîtrise de la jouabilité. On va donc vite parce que l’on connait le niveau par cœur ou alors parce que l’on a des réflexes de Super Saiyen -et encore les premiers Sonic sont eux aussi perclus d’erreurs de level design mais qu’à cela ne tienne, c’était la mode à l’époque.

 

Un jour, un type que l’on appellera Jean-Quiche pour le bien de la démonstration a du rentrer dans un bureau de la Sonic team et dire « Puisque les joueurs aiment quand ça va vite, on a qu’à faire en sorte que ça aille vite tout le temps, non ? » ce type -que j’imagine bien bosser au service marketing et être le neveu d’un cadre un peu trop haut placé- a ainsi dilué la récompense du joueur, il ne restait alors plus que la jouabilité et le level design.

 

Du coup, comment faire de la vitesse à tout prix dans un Sonic, vous avez deux options :

  • des environnements très grands et souvent vides avec un Sonic hyper nerveux quitte à fermer les yeux sur la jouabilité,
  • des mises en scène en mode automatique où le joueur peut pratiquement poser la manette (même s’il ne s’en rend pas toujours compte).

 

Sonic est donc progressivement devenu une usine à niveaux au level design douteux pour permettre cette vitesse à tout crin qu’on peine à contrôler. Tout cela implique que de longues lignes droites que l’on franchi en un battement de paupière à pleine vitesse semblent tout de suite bien plus fastidieuse à traverser à vitesse « normal ». Dans la mesure où notre pauvre Sonic aura une nette tendance à se frotter le museau contre les murs du fait de la jouabilité totalement crispante, le jeu devient juste pénible à parcourir. Si l’on ajoute à cela l’absence totale de difficulté conscientisée (et donc non liée à la mauvaise jouabilité ou au level design), sincèrement, ça fait beaucoup pour un seul jeu…

C’est bien simple, on dirait que les devs de la Sonic Team n’ont jamais entendu parler de Sonic R.

Sonic Colours est donc fatiguant dans sa jouabilité, la sensibilité du stick gauche au taquet dans les phases 3D, c’est très mauvais pour les nerfs presque autant que cette sensation d’input lag lorsque l’on double saute. Point positif ! On ne perd pas trop de temps (quelques heures) à le finir en ligne droite par contre les wisps (et donc les nouveaux pouvoirs qui viennent avec) permettront de revisiter les stages pour les parcourir de fond en comble, une légende raconte que des types ont fait ça sur youtube mais je n’y crois pas.

 

 

Bon alors, peut-être que c’est beau ? Pour un jeu Wii, c’est pas trop mal mais franchement vide !

Ah, mais les musiques sont probablement excellentes ! Non, elles sont anecdotiques.

Les animations ou la mise en scène doit envoyer du lourd ! Heu… Pas vraiment, c’est pas tellement inspiré, les changements d’angle de caméra, ça fait 15 ans que l’on voit les mêmes.

 

 

Un jour, Jean-Quiche eut une épiphanie en rentrant dans le bureau des devs de la Sonic Team : « Hey mais Nintendo ressort leurs jeux Wii et WiiU sur Switch, ça doit être facile de convertir les jeux non ? C’est quoi le jeu Sonic qu’on a le plus vendu sur Wii ? Sonic Colours !? Ah c’est cool, en plus ça va vite dans celui-là, on pourrait le ré-éditer et le vendre plein tarif sur Switch !!! Je vais en parler à mon oncle et je reviens ! ».

Bref, qu’est-ce qu’il lui reste alors à ce pauvre Sonic Colours Ultimate ? Et bien, le jeu nous rappelle que Sonic revient de loin et que ce n’est pas pour rien que les très bons Sonic Generations et Sonic Mania sont plébiscités par les fans du hérisson. Sonic Colours Ultimate n’est qu’une tentative douteuse de faire quelques ventes au prix délirant de 40€ (nul doute que le prix va s’effondrer très vite) avec un titre très moyen au risque d’écorner une nouvelle fois une licence qui se relevait à peine de dix années de purge. On se console (un peu) en se disant que c’est en commercialisant ce genre de jeu que SEGA nous permet de profiter d’autres projets plus ambitieux… Mais en vrai de vrai, si vous avez un peu de temps et d’argent, achetez Sonic Mania Plus ou Generations ! De rien !

Copie du jeu et captures d’écran mises à disposition par l’éditeur Koch Media.