Si vous deviez n’en choisir qu’un.

Des puzzle-games sur Dreamcast, en y réfléchissant, ce n’est pas ce qui manque. La plupart des hits ont eu le droit à un portage sur la dame blanche : Tetris, Columns, Puzzle Bobble et bien sûr Puyo Puyo avec non pas une, mais deux versions !

La première, Puyo Puyo 4, est sortie en 2000, elle est le fruit de la coopération de SEGA avec Compile, et la deuxième, Puyo Puyo Fever, est sortie en 2003 en arcade, réalisée entièrement par SEGA. Cette dernière version a été adaptée sur Dreamcast en 2004 alors que la production de notre console chérie était déjà arrêtée depuis un petit moment. C’est d’ailleurs le dernier jeu SEGA sur cette console.

Si Puyo Puyo 4 continue sur la lancée des épisodes précédents, Puyo Puyo Fever lui innove en proposant un nouveau graphisme, un renouvellement complet des personnages (l’héroine des débuts, Alulu, laisse sa place à Amitie), et un remaniement important du gameplay.

Ce que je vous propose n’est rien de plus ni de moins qu’un affrontement entre la vieille et la nouvelle école. Vous allez voir c’est super !

Jaculatoire, suppositoire, histoire !

Eh oui, avant de me pencher sur les qualités et les défauts de ces 2 jeux et de les laisser, allouvis, s’entretuer dans une joute létale, chaussons nos lunettes et ouvrons notre grimoire à la page de l’histoire des Puyo Puyo.

C’est la société Compile Co., Ltd, avec à sa tête Masamitsu Niitani (aka Moo Niitani), qui a créé la licence. Pour la petite histoire, à l’origine ce puzzle game aurait du être un jeu de dominos, mais le projet, finalement peu intéressant à jouer, a été abandonné. Plus tard, c’est l’équipe à l’origine du rpg « Madô Monogatari » qui reprend le principe, remplaçant les dominos par des créatures du jeu, les « Puyo Puyo ». Ils reprogramment ensuite le système pour donner naissance au premier Puyo Puyo, sorti sur MSX2 et sur le Famicom Disk System en 1991. Originalité du soft pour l’époque : la reprise des voix du rpg qui annonce chaque chain effectué pendant le jeu.

Puyo et Puyo sont sur un bateau…

Bien sûr, si vous êtes un riche collectionneur capable de vous procurer facilement ces deux jeux, cet article n’a pas beaucoup d’intérêt, mais dans le cas contraire (pauvre, achetant un jeu par an et vivant coupé du monde mais voulant absolument UN Puyo Puyo sur Dreamcast), alors lisez bien ces lignes qui, j’espère, vous donneront une idée du Puyo Puyo qui vous correspond.

Les outsiders aussi savent Puyo Puyer !

Regardons en détails la réalisation de ces deux jeux.

Puyo Puyo 4.

Comme je l’ai dit dans l’introduction, nous avons droit à une coopération entre SEGA et Compile pour une suite assez classique. L’univers du jeu reste fidèle à celui de ses prédécesseurs, directement hérité de Madô Monogatari, le rpg de Compile. L’héroïne est encore une fois Alulu, et elle est accompagnée de son fidèle compagnon (pas si fidèle que ça vous allez voir) Carbuncle.

L’histoire est simple, Alulu, à la suite d’une représentation de cirque, perd son animal de compagnie de vue (je vous l’avais dit, la fidélité…) et part à sa recherche, se mettant tout le monde à dos à la suite de quiproquos abracadabrants (répétez ces deux mots à la suite 100 fois et très vite). Évidemment c’est pour mieux les rosser et s’en faire des alliés, car contrairement à l’aspect bon enfant du monde de Puyo Puyo, la force est la seule chose que les autochtones ont l’air de respecter…

La grande nouveauté de cet épisode est la possibilité d’utiliser des super techniques, rapprochant ainsi un peu plus les duels des puzzles-games des duels de jeux de combats 2D. Le principe des super techniques est simple : vous êtes en difficulté ? vous pensez que tout est perdu ? Mais, non pas de soucis !

Dans cet épisode, pour vous en sortir et tenter de renverser la situation, il vous suffit d’appuyer sur « Y » pour déclencher votre super attaque. Attention quand même, les effets de ces super attaques dépendent de chaque personnage, ce qui vous oblige à adopter une technique de jeu différente pour chacun.

Le mode story est un peu particulier puisque vous commencerez obligatoirement avec Alulu, sans super technique. Après avoir battu certains personnages ceux-ci rejoindront votre équipe et vous pourrez choisir la super technique de l’un d’entre eux à chaque début de combat.

Puyo Puyo Fever.

Attention, là c’est du lourd puisque nous n’avons rien de moins que la Sonic Team à la réalisation, avec Yuji Naka à la production ! En plus de cela des anciens de Compile dont Hiroshi Kimura, le fondateur de Milestone Inc. (voir son interview sur Dream-storming) sont cités dans les remerciements lors du générique de fin !

Pourquoi une production 100% SEGA ? Tout simplement parce qu’en 2002, Compile a perdu les droits d’exploitation de sa licence qui a été ensuite rachetée par SEGA.

Du point de vue de la réalisation, on sent qu’un effort a été fait au niveau des animations avec des Puyo Puyo qui n’ont jamais semblé aussi élastiques. Le rendu est dynamique, et on sent le souci du détail avec des Puyo Puyo qui s’affaissent sous le poids de ceux du dessus.

Et puis, à changement d’équipe, changement de gameplay ! Enfin pas vraiment, mais grosse évolution en tout cas.

Jusqu’à maintenant les Puyo Puyo tombaient toujours par deux, mais cette fois la Sonic Team a varié les plaisirs en faisant des blocs de Puyo Puyo en forme de barre ou de « L », ou encore des « Gros Puyo » qui ne valent rien de moins que 4 Puyo Puyo de la même couleur !

Le « Fever » du titre n’est pas là non plus par hasard, puisque que c’est le nom du nouveau principe de ce 5ème (marché) opus ! Le principe est simple : chaque contre fera grimper votre barre de « Fever » (thermomètre ?) qui, une fois au 7ème cran, déclenche le mode « Fever ». C’est à partir de là que ça devient vraiment intéressant, car tous les Puyo Puyo s’effacent pour laisser place à des combinaisons pré-assemblées qu’il vous suffira de déclencher en appliquant la bonne couleur au bon endroit. C’est alors que les « chains » s’enchaînent avec frénésie et que les cadeaux à votre adversaire s’accumulent comme si les lutins du père Noël les emballaient pour vous.

A nouvelle équipe, nouvel univers aussi puisque Alulu laisse place à Amitie (à prononcer Amiti, pas amitié) un(e) élève de l’école de magie. L’histoire là aussi est simple : la baguette de sa professeure a été volée, et notre jeune Amitie, attiré(e) par la promesse d’une récompense, part à sa recherche. Dans le mode « 1 joueur », 3 modes story correspondant à un tutorial et deux histoires, l’une avec Amitie et l’autre avec Raffine (à prononcer Raffina…). Raffine est une « camarade » de classe d’Amitie au tempérament pas franchement amical. On notera que la difficulté de ce deuxième scénario est nettement plus relevée !

Note de bas de paragraphe : même si l’univers n’est pas le même Alulu est présente en tant qu’adversaire dans le mode story et elle est jouable en affrontement. Quant à Carbuncle, il est disponible mais il vous faudra le débloquer.

Mou ou mouelleux ?

Après quelques heures de jeu il faut se rendre à l’évidence, Puyo Puyo Fever a plus de rythme, il est mieux réalisé et il paraît plus facile aussi, du moins pour le jeu en solo avec Amitie. Il bouscule les habitudes de jeu puisque le but n’est pas forcément de faire des chains et d’écraser l’adversaire, mais plutôt de contrer, et de contrer fort ! Il oblige donc à faire plus attention à ce que fait l’adversaire afin de déclencher ses chains après les siennes.

De son côté, Puyo Puyo 4 n’est pas ridicule, il fait juste preuve de classicisme et l’ajout des super techniques ne change pas fondamentalement la façon de jouer. Par contre, il allonge considérablement la durée des parties, car chacun peut sortir d’une passe difficile en appuyant sur un seul bouton. Comme on peut cumuler jusqu’à 3 spéciales et en récupérer en cours de jeu, il va falloir frapper un grand coup, et à plusieurs reprises !

Vous l’avez deviné, en terme de sensation de jeu ce n°4 est plus mou, à 100 lieues du dynamisme de sa « suite ».

Pour ajouter à l’attrait de Puyo Puyo Fever sachez que la version japonaise inclut une version anglaise intégrale. Sur ma Dreamcast japonaise, il fallait aller dans les options du jeu pour changer la langue. Pendant les crédits une version française est évoquée, mais je n’ai pas réussi à la faire apparaître, même en changeant la langue du bios de ma Dreamcast japonaise et je n’ai pas pu essayer sur d’autres consoles. Mais ne comptez pas trop dessus…

De son côté Puyo Puyo 4 garde quand même une part de charme, principalement dans son chara-design un peu vieillot et sa cinématique d’intro assez sympathique, qui m’ont plus touché que le côté « Pop » de Puyo Puyo Fever (Puyo Pop Fever dans la version anglaise) et ses couleurs flashy et un peu baveuses. La difficulté générale est élevée, et il n’est pas spécialement conseillé aux débutants. Les parties sont plus longues et molles aussi, la façon de jouer n’est pas la même, vous aurez plus le loisir de construire votre jeu à la différence du Fever, plus violent et agressif.

Enfin Puyo Puyo 4 vous propose une variante du mode « infini », qui vous permet de varier la taille des Puyo Puyo. Ainsi, en choisissant la taille minimale, vous pourrez essayer de réaliser jusqu’à 100 chains !

L’art de la victoire

Pas de véritable surprise, le vainqueur est Puyo Puyo Fever avec un gameplay dynamique et une refonte du principe de base, qui apporte une véritable nouveauté par rapport aux autres épisodes de la série. Le mode « Fever » est vraiment agréable, puisque qu’il donne cette sensation de faire des combos sans efforts et permet, si l’adversaire ne peut réagir, d' »overkiller ».

Pour les fans des épisodes plus classiques et de l’ambiance de la série originelle, alors Puyo Puyo 4 répondra à leurs attentes avec ses personnages attachants et son gameplay fidèle aux premiers épisodes. Et pour pimenter le jeu à plusieurs, vous pourrez décider de ne pas utiliser les super attaques, ce qui ouvrira la porte aux traîtrises de toutes sortes (« mais j’avais dit qu’on avait pas le droit ! ») et vous fera passer de bonnes/mauvaises soirées entre potes ou en couple.

Petite devinette « geek » pour la fin : comment appelle-t-on un fan de Puyo Puyo ?

1. Un pouilleux

2. Un Puyo pouilleur

3. Une fille (Ah quel macho ce Molokh !)

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