Après vous avoir livré ma critique de l’adaptation 3D Classic de Streets of Rage II il y a maintenant quelques mois, j’ai eu envie de revenir sur les différentes inspirations (officielles ou non) de la saga Streets of Rage. C’est en rejouant récemment aux deux premiers épisodes que je me suis souvenu qu’il y avait pas mal d’éléments à la limite du plagiat, du moins fortement inspirés, c’est d’ailleurs tellement gros que cela m’étonne fortement qu’il n’y ait pas eu au préalable de procédure judiciaire à l’encontre des développeurs de SEGA AM7 comme cela avait pu être le cas du temps d’Outrun et Ferrari.

Pour resituer le contexte, il faut savoir que le genre du beat’em’all (ou brawler) est bien antérieur au VS Fighting, ce dernier ayant connu un essor considérable avec la sortie de Street Fighter II de Capcom. Essor qui marqua un déclin très prononcé du beat’em’all 2D jusqu’à son extinction lors du passage aux machines de sixième génération, alors que le VS Fighting (avec un gameplay 2D) continue toujours d’évoluer sur les supports actuels (Street Fighter IV et V). La saga Streets of Rage est née sur Mega Drive en 1991 et a connu deux autres opus sortis en 1992 et 1993. Bien évidemment, il n’était pas précurseur du genre, puisque l’on pouvait compter certains titres comme Final Fight de Capcom (1989), Crime Fighters de Konami (1989) ou encore plus tôt Double Dragon de Technos (1987). SEGA n’était pas en reste non plus avec les non moins célèbres Golden Axe ou Altered Beast mais d’un style beaucoup plus axés « Fantasy » que réalistes. Leur but était principalement de contrer Nintendo, qui avait réussi à obtenir l’exclusivité du hit de Capcom : Final Fight (non sans concessions puisque seulement deux personnages étaient sélectionnables et uniquement en solo). C’est ainsi que SEGA AM7 avait décidé de fournir à la Mega Drive l’équivalent de « Final Fight » sur machine SEGA bien avant la superior version sur le Mega CD (SEGA CD) : la fameuse série « Streets of Rage ».

On ne peut pas reprocher à SEGA AM7 de copier le concept, même si bien souvent l’histoire était identique : on se retrouve plongé dans une ville où des malfrats ont soit envahi la ville soit kidnappé quelqu’un d’important, soit les deux… Mais pour cela on ne va pas leur en vouloir car toute cette inspiration pouvait également émaner de films en vogue comme par exemple « The Warriors » (1979) !

 

Dès la sélection du personnage on s’aperçoit qu’il y a trois héros sélectionnables comme dans Final Fight (version arcade) : Axel est la copie conforme de Cody, tant au niveau de son style vestimentaire que du combat. Un héros blond, avec jean bleu, T-Shirt blanc, et qui s’amuse à faire du coup de pied sauté… qui a d’ailleurs également été repris dans Burning Fight sur Neo Geo en 1991 avec le personnage de Duke. Blaze, quant à elle, serait plus proche de Guy pour sa tenue rouge et son agilité à se déplacer. Enfin, pour le clone de Haggar, il faut plutôt se tourner vers Streets of Rage 2 avec Max. Un catcheur professionnel (bon ok, il n’est pas maire de la ville !), qui se balade torse nu et a des coups spéciaux similaires, il faut quand même avouer qu’ils n’ont pas été avares sur la copie…

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Parlons en un peu plus de ces coups spéciaux… Sur le premier Streets of Rage, nous avions droit à quelque chose d’original, une voiture de police venait en appui et envoyait un gros dégât de zone. Pour le deuxième épisode, on repompe le système des beat’em’all de l’époque en faisant un coup spécial propre à chaque personnage mais surtout en lui enlevant quelques points de vie. Autre ressemblance troublante, le coup spécial de Zan dans Streets of Rage III qui vient tout droit de Blanka dans Street Fighter II. Les comparaisons des principaux protagonistes s’arrêtent là car les combos sont vraiment propres à la saga et permettent un gameplay beaucoup plus poussé que chez les concurrents. On sent bien que la famille Kochiro a voulu marquer le beat’em’all de son empreinte.

Puisque l’on parle des personnages, abordons désormais les sbires de Mr X et ceux de la concurrence, on retrouve certaines copies comme notamment Axl dans Final Fight (représentant Axel Rose des Guns’n’Roses) et Raven dans Streets of Rage (notamment par la façon qu’il a de se protéger), Big Ben qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux Big Bull, personnages asiatiques un peu dodus de Final Fight. Les fameuses Poison chez Capcom sont devenues des Electra Nora dans Streets of Rage avec la même envie d’en découdre, enfin, et j’arrêterai là avec les comparatifs : Two P. et J contre Y. Signal. Hormis l’aspect graphique des personnages, ce sont surtout leurs animations qui ont été copiées comme les tacles, projections, charges, sauts rapides… Au niveau des décors, difficile de dire s’ils se sont inspirés d’autres jeux tant la saga Bare Knuckles semble plus en avance grâce à sa sortie plus tardive. Le seul vrai clin d’œil provient de Streets of Rage III avec un stage qui débute comme le stage 1 de Final Fight.

Enfin, autres points communs : les items mis à disposition comme les armes : Katana, couteau, tuyau ou les bonus tels le poulet rôti, la pomme, les lingots… tous ces détails anodins mais qui montrent quand même une certaine fainéantise ou un manque d’inspiration de la part des graphistes, non seulement chez SEGA mais également chez des concurrents directs. Par contre, si on regarde de plus près le packaging, dès la jaquette, on retrouve des similitudes hallucinantes, cette fois ci c’est Final Fight 2 qui a repompé du Streets of Rage !

 

Streets of Rage reste et restera encore pour longtemps un des must have de la Mega Drive (comme Machintruc l’avait si bien souligné dans son « Souvenir de Gamer »), même si certaines choses ont été « honteusement » copiées des standards de l’époque, on ne peut que saluer le travail effectué par les développeurs notamment sur le gameplay et la bande originale qui transcendent un genre qui, aujourd’hui, est totalement oublié.