OUI !
Cordialement.
(Vous pouvez tout à fait lire la suite de cet article si ça vous branche mais ne vous sentez pas obligé.)
Le jeu démarre par un incipit cachant assez mal sa nécessaire volonté d’exposition relatant l’histoire d’une femme piégée par un petit escroc qui tente de lui faire accumuler des dettes afin de la mettre sur le trottoir, voilà qui donne le ton. Cette courte mais vigoureuse enquête qui n’ira pas jusqu’au procès mais finira plutôt dans une ruelle mal éclairée, mènera rapidement à l’affaire qui nous concerne et occupera notre détective ex-avocat.
Un policier est accusé d’attouchement dans le train par une jeune femme. Malgré des preuves accablantes, l’homme nie en bloc les accusations. Pire, le jour du procès, il profite de la tribune pour faire une allocution : un homme mort est caché dans un immeuble de Ijincho, cet homme avait, par le passé, poussé son fils au suicide…
Tout démarre ainsi et j’imagine qu’il est inutile de préciser que l’intrigue ira bien plus loin qu’une affaire de harcèlement et de vengeance.
Le jeu avance tout de suite ses pions : des nouvelles mécaniques sont ajoutées, des corrections de gameplay ont été opérées (filatures, déplacement en skate, escalade…) et ce qui fonctionnait parfaitement n’a pas été touché. Mieux, les environnements développés pour Yakuza 7 sont de la partie. In fine, le jeu est tout simplement plus complet que son prédécesseur.
Lost Judgment est à l’image de Judgment Eyes* dont il est une extension maligne corrigeant et ajoutant ce qu’il faut là où il faut. Le jeu est beau, profond, long et pertinent dans son écriture chapitrée comme les épisodes d’une série télé. Le Dragon Engine qu’on commence à connaître par cœur fait le job à merveille si ce n’est ces foules de passants qui réagissent encore très étrangement parfois. Nous, joueurs, avons finalement intériorisé le moteur et ses limites, le niveau technique global est tel que seul compte maintenant la narration, les enquêtes et le rythme de leurs déroulements. Le Ryu Ga Gotoku Studio réussi ce que l’industrie du jeu vidéo voudrait pouvoir faire sur de nombreuses licences : créer des jeux où seule compte l’écriture (soit ce qui coute le moins cher à produire).
Les dialogues et les jeux d’acteurs sont parfaits, je suis d’ailleurs au passage toujours aussi fasciné par le travail sur les yeux des personnages qui composent ce monde, cette approche des regards n’a que très (très) rarement été égalé. Les phases d’action à l’ancienne, si j’ose dire, sont des bonbons dont on ne se lasse pas pour celles et ceux qui parcourent régulièrement ces quartiers dans les jeux du studio et que l’on découvre avec plaisir pour les nouveaux. Alors bien sûr, on ajoute un style de combat par-ci, des finish moves par-là et c’est très bien mais ça ne change finalement pas grand chose à l’expérience, ça la renouvelle tout au plus.
On vient dans Judgment pour la complexité de l’intrigue totalement injustifiée mêlée aux sous-quêtes et sous activités complètement gaijin friendly. On élucide crimes et délits tout en collectionnant les tampons des restaurants du quartier… Finalement, Judgment, c’est la vie, le boulot, les loisirs, les filatures, les copines, les trahisons, les concours de danse, les complots de yakuza…

Moi, le dimanche, au max je vais manger chez mes parents, Yagami lui, il débusque des truands, sauve des enfants et prend le temps de faire de la danse avec ses copines en faisant des front flip avec son skate entre chaque activité.
Le spin off de Yakuza n’en est plus un justement, il est maintenant sa propre licence. Judgment est plus sérieux, moins rigolard, le jeu joue moins de ses protagonistes pour les raisons évoquées dans le test de Judgment Eyes (tl,tr : le studio ne peut ridiculiser les acteurs derrières les personnages, alors que dans Yakuza, si), mais qu’à cela ne tienne, il reste un grand jeu, mature, parfaitement rythmé et au contenu riche mais pas vertigineux. Mention spécial pour, ça devient une habitude, les bornes Virtua Fighter 5 / Fantasy Zone / Fighting Vipers mais également (surtout) la Master System première du nom (pas la moche donc, l’autre) disponible dans le bureau du héros, c’est tout de même dingue quand on y pense… Vivement Yakuza 12 et son émulateur Saturn.
Jouez à Judgment Eyes pour aimer ses héros et détester ses méchants, jouez à Lost Judgment pour profiter encore de ce que le Ryu ga Gotoku Studio a à nous offrir en attendant un futur Yakuza 8. Toshihiro Nagoshi peut dormir sur ses deux oreilles -si, si, lui peut le faire pour de vrai-, le studio qu’il a fait grandir est maintenant peuplé de gens très talentueux capables de faire évoluer une formule gagnante dans la douceur quand bien même on parle ici d’une évolution à la japonaise, c’est à dire… contenu. En leur souhaitant que ça continue comme cela pendant encore longtemps (au moins jusqu’à la ré-édition de Yakuza Ishin version Kiwami que j’appelle de mes vœux).
* Notez que comme SEGA, je ne sais toujours pas comment nommer le premier jeu, Judgment, Judge Eyes, Judgment Eyes…
Jeu fourni par l’éditeur Koch Media.
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