Ce jeu est incroyable et dans 10 minutes vous aussi vous en serez tous aussi convaincu que moi.

 

Lorsque j’ai lancé le jeu pour la première fois, je n’étais pas particulièrement surpris : 13 Sentinels : Aegis Rim est dans la lignée de ce que peut proposer Vanillaware depuis des années en matière de direction artistique. Le jeu est très (très) beau, superbement bien animé et globalement très inspiré. C’est sincèrement assez bluffant de voir le niveau proposé par le jeu et bien qu’il soit impossible de dire si il est le plus beau jeu en 2D jamais réalisé, nous sommes très certainement dans le haut du panier du genre.

 

La cafét du lycée à bien changé depuis Hélène et les garçons.

 

Le jeu est partagé en trois entités qui s’entremêlent, l’aventure, les combats et le codex.

Le gameplay parait particulièrement simple de prime abord, le joueur incarne différents personnages dans différentes scènes et plusieurs époques. Pour vous faire une idée, imaginez un cocktail de point & click occidental et de visual novel japonais. Par ses interactions avec le décors, ses pensées et les personnages dans la scène, le joueur débloque des mots clés qu’il pourra utiliser pour débloquer de nouvelles situations de jeu qui permettront à leur tour à l’histoire d’avancer et ainsi redémarrer la boucle de gameplay…

 

Heu… Bonjour ?

 

Ce schéma permet de cacher tout un tas de saynètes et dialogues qui lèveront le voile sur d’autres aspects de la trame narrative. Le jeu demande au joueur de relancer telle ou telle scène pour utiliser un mot clé dans telle ou telle conversation très souvent. Le jeu se révèle alors… Les dialogues s’enchaînent et le joueur se retrouve devant un immense puzzle narratif dont on identifie les pièces progressivement, très progressivement, sans jamais s’assurer des contours de l’histoire. Pour ne pas déflorer l’intrigue essentielle à l’intérêt du jeu, je vais me contenter de vous dire que le jeu parle de mechas géants, de voyage dans le temps, d’étudiants et d’étudiantes.

 

 

Dit ainsi, cela ressemble à bon nombre d’anime saisonniers ou autres blockbusters Godzilesques, mais croyez moi, nous ne sommes pas ici devant une sorte de best of des meilleurs scenarii de ces 20 dernières années mais bien devant une intégration intelligente et amoureuse des codes qui font de ce genre une catégorie bien spécifique dans la pop culture japonaise et plus généralement dans la science fiction. Chaque intrigue d’un personnage révèle une part encore dans l’ombre d’un autre que l’on aura ensuite l’occasion d’explorer pour soulever un nouveau loup et ainsi de suite.

Le procédé peut sembler simple mais l’écriture est tellement maligne, prenante, tellement bien intégrée au jeu que le seul frein à la narration est l’incapacité de terminer l’intrigue à 100% d’un personnage sans que certaines conditions n’apparaissent dans le menu (telles que « Compléter 60% de l’histoire de Juro pour continuer »). Sur le plan du design, c’est probablement le seul élément qui dénote dans cet océan de plaisir qu’est de 13 Sentinels : Aegis Rim. Cette limitation dans la progression est compréhensible sur le plan purement technique mais elle aura eu tendance à me faire sortir un peu du jeu, parfois.

 

A ce niveau là, c’est de l’expressionnisme allemand d’avant guerre.

 

Quid des combats dans le jeu me direz-vous… Ils sont assez conceptuels dans leur représentation graphique. Vous êtes devant une carte en 3D, un point d’intérêt est à défendre et vous avez à votre disposition des sentinels robotiques représentées par des curseurs low poly pour ce faire. Les combats reprennent la dynamique des jeux de type tower defense que l’on retrouve sur l’app store en y intégrant de la narration avant et après les combats. Ces quelques lignes de dialogues servant à encore plus troubler le joueur dans la représentation qu’il se fait de l’immense puzzle dont je vous parlais plus haut. La proposition est audacieuse et on oublie assez vite l’aspect graphique pour se concentrer sur l’essentiel.

 

Chaque unité peut être améliorée et de nouvelles compétences peuvent être achetées en utilisant des points acquis à l’issue des combats. Les sentinels correspondent à des archétypes classiques, ainsi le joueur a à sa disposition des robots dédiés au combat au rapproché, d’autres sont spécialisés dans le combat à distance, d’autres encore sont des unités volantes qui en font les plus mobiles. Chacune de ces unités sont utiles dans certaines situations et seront le maillon faible dans d’autres. Amélioration et level up seront nécessaires afin de poursuivre le nettoyage des ennemis dans les zones concernées sans perdre le bonus acquis en fin de mission réussie qui s’accumule encore et encore… Attention cependant, inutile de « farmer » l’exp de votre personnage préféré, les sentinels doivent refroidir et leurs pilotes ont besoin de repos, ils ne pourront enchaîner les combats comme des bots sur World of Warcraft sans être indisponibles à un moment.

 

« Demain, on ira se prendre des crêpes ! » – Les plaisirs simples de la vie.

 

D’une durée de vie suffisante pour couvrir les intrigues et les très nombreuses sous intrigues, la quarantaine d’heures nécessaires à sa complétion sont une véritable bonheur à parcourir et l’on ne se lasse jamais de retrouver un personnage au détour d’un couloir ou d’une rue. Ceci étant, je dois avouer que l’on grimace parfois à l’idée d’incarner certains personnages qui nous semble moins sympathique et/ou intéressant, ce sentiment est généralement vite effacé tant on trouve toujours une raison, un intérêt à suivre l’intrigue du dit personnage.

Le cas de la démo.

Une démo du jeu est disponible sur le PSN japonais. Si elle permet de prendre la température, elle ne reflète en rien le plaisir que l’on peut avoir à parcourir et compléter la narration du jeu et à moins d’être parfaitement bilingue vous risquez de vous arrêter au premier combat les yeux écarquillés d’incompréhension. A l’heure où j’écris ces lignes, la démo n’a pas été annoncée en occident.

13 Sentinels : Aegis Rim est un jeu passionnant, vertigineux dans son écriture, agréablement stratégique dans ses combats. L’écriture et la direction artistique sont ses deux très grandes forces et on rêve de voir l’univers s’étendre encore et encore. Bien sur, il ne faut pas avoir peur de passer du temps à lire des dialogues jamais trop long mais très nombreux mais quel bonheur à suivre… Mention spéciale pour l’adaptation française des textes particulièrement bien sentie. Le jeu est un plaisir pour les yeux, les oreilles et le cerveau. Si vous êtes un amoureux de la S.F. en général et la S.F. japonaise en particulier, ne passez pas à coté de 13 Sentinels : Aegis Rim, cela pourrait causer l’apocalypse.

 

Note de l’auteur de cette critique : Pour compléter le tableau et parce qu’il n’y a pas que les jeux vidéo dans la vie (dixit ma femme), j’aimerai vous conseiller la lecture de « L’Empire des Mechas » aux éditions Omake Books, un roman de Peter Tieryas inspiré du Maître du Haut Château de Philip K. Dick qui met en scène une dystopie peuplée de mecha japonais qui saura sans aucun doute combler ou compléter votre soif d’étudiants sauvant le monde dans des robots gigantesques en fin de partie de 13 Sentinels : Aegis Rim.